Histoire d'Issoudun

Publié le par kervazo

L'histoire de la ville d'Issoudun s'esquisse autour de l'an Mille. Les documents écrits qui permettent de la retracer mentionnent dès 950 le château (sans préciser l'emplacement) qui, sous Eudes l'Ancien (1012-1044), est réuni à la principauté de Déols. Cette maison du Bas-Berry dépendante du duché d'Aquitaine entre d'abord sous l'autorité du royaume de France, lorsque le roi Louis VII épouse en1137 Eléonore d'Aquitaine, puis sous l'autorité du royaume d'Angleterre lorsque celle-ci, répudiée, se remarie avec Henri Plantagenêt, bientôt roi en 1153. Issoudun, à la frontière des deux puissances royales, devient un enjeu d'importance. Ainsi Philippe Auguste, roi de France, assiège la ville et le château à plusieurs reprises de 1187 à 1199.

De cette époque date l'ensemble de l'organisation du système défensif. Il est dû en partie à Marchader, "chef des routiers et des cottereaux", qui reprit le château et le fit fortifier en 1195, pour le compte de Richard Coeur de Lion, roi d'Angleterre. L'enceinte quadrangulaire du château comprenait deux portes (la porte St-Jacques et la porte Ste-Marie ou du Beffroi) et était flanquée de douze tours et d'un donjon, appelé "Tour Blanche", élevé sur une motte de terre à l'angle sud-est. La muraille de pierres était précédée de fossés et bordée à l'ouest et au sud par la rivière Théols. La ville accolée à l'est du château en était séparée par un profond fossé comblé en 1447. Les portes de la ville (la porte de la Preugne ou St-Louis, la porte "Perdue" ou porte Neuve, la porte de l'Avenir, la porte St-Jean, la porte aux Boeufs détruite en 1356, la porte de Villatte, la porte de l'Hôtel-Dieu, et la porte des Poulies) comportaient pour la plupart un pont-levis, deux tours reliées par une galerie, servant de chambre de garde, de résidence sanitaire (maladrerie) ou de logement à des particuliers. Après la mort de Richard Coeur de Lion, Philippe Auguste obtient par un traité avec Jean sans Terre, en dot du mariage de son fils avec Blanche de Castille, le fief d'Issoudun. La ville est définitivement intégrée au domaine royal en 1240.

Issoudun devenue alors ville royale bénéficie de privilèges notamment celui d'orner son blason des armes de France. Ces armoiries confirmées en 1818 par lettres patentes sont "d'azur au pairle d'or" (le pairle d'or désigne la forme en Y) "accompagné de trois fleurs de lys mal ordonnées". Elles figurent également sur la bordure supérieure de la tapisserie aux armes de France et de Navarre du XVII e siècle. D'autres avantages économiques ont été cocédés par les rois de France: Charles VII (1422-1461), par une charte communale, restitue l'affranchissement de la ville qui avait été accordé dès la fin du XII ème siècle et dont le beffroi est le symbole.

Louis XI (1461-1483) supprime les charges sur les huit foires annuelles. Sous Charles VIII (1483-1498), la ville obtient l'exemption du prélèvement de la taille et bientôt, sous Henri IV (1589-1610), la levée de toutes impositions. Au XVI ème siècle, la ville possédait aussi le privilège de fondre les canons comme en témoigne celui présenté ici, marqué du blason de la ville et des armes de Charles de Barbançois, "Seigneur de Sarzai, lieutenant général et commandant des troupes en Berry", qui s'était illustré en libérant la ville assiégée par les protestants. Enfin, Louis XIV accorde aux habitants l'élection annuelle de leur maire qui bénéficie désormais du titre de noble.

Issoudun a gardé le souvenir de quleques visites royales. La reine Marie de Luxembourg accompagnée de Charles IV le Bel y mourut en couches en 1324. En juin 1622, la reine Marie de Médicis séjourne à Issoudun. En 1651, le jeune roi Louis XIV et sa mère Anne d'Autriche viennent constater les ravages causés par le vaste incendie qui consuma plus de 600 maisons. C'est dans le plat orné d'Adam et Eve et de l'Arbre de la Connaissance que leur sont présentées, comme il est d'usage, les clefs des portes de la ville.

Depuis les premières fouilles exécutées sur l'emplacement de l'abbaye Notre-Dame, une grande quantité de monnaie a été exhumée. Dès 1855, environ 2000 pièces ont été mises à jour. Lors des dernières fouilles réalisées, dans ce secteur en 1981, un trésor monétaire a été découvert dans les murs de fondation de l'ancienne abbaye. Il se compose de 54 monnaies, provenant de Nevers, Bourges, Déols, mais aussi Issoudun. Car en effet depuis le XI ème siècle au moins, la ville possédait le privilège de frapper la monnaie. Ainsi on connaît, pour la Seigneurie d'Issoudun, un monnayage de deniers ou oboles depuis Eudes l'Ancien (1013-1044) à Philippe Auguste (environ 1200-1212) diffusé essentiellement dans le centre de la France. Le type de monnaie d'Eudes l'Ancien porte à l'avers une légende autour d'un oméga renversé ou un M oncial, surmonté d'un trait et sur un annelet. Le revers présente aussi, autour d'une croix légèrement pattée et plus ou moins épaisse, des lettres désordonnées. Elles désignent les noms du seigneur et de la ville ("Odor senior, Exolduni",...). 

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Source: Musée de l'Hospice saint-Roch, Issoudun, Fiche de salle n°1. Texte: Service des collections et documentation du musée, Patrice Moreau.
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