Le gallo-romain dans le Berry

Publié le par kervazo

A l'époque gallo-romaine, la région du Berry fait partie du territoire des "Bituriges Cubi" dont Avaricum (Bourges) est la capitale. C'est sur la voie de Levroux- Saint-Ambroix, reliant Tours à Bourges, que s'établit progressivement Issoudun.

Plusieurs appellations de rues ou de quartiers évoquent une possible occupation gallo-romaine que confirment les découvertes archéologiques: ainsi, le faubourg de Rome, les Champs-d'Amour, où fut découverte une nécropole funéraire à incinération, le faubourg des Alouettes qui tiendrait son nom de la légion gauloise "Alauda", ayant cet oiseau pour symbole (cf. Abbé Voisin), le faubourg de Villatte qui désignerait une villa. Divers objets, monnaies, fibules, amphores, céramiques, ont été trouvés dans le quartier Saint-Jean, Saint-Denis, et celui du château. Si aucun édifice n'est conservé, de gros blocs d'architecture ont cependant été dégagés lors de travaux de constructions, rue Nouvelle du Château (en 1877), rue des Varennes (en 1961), rue Saragosse (en 1993). La grande dimension de ces éléments, chapiteaux, fragments, indique la présence d'un ou plusieurs édifices publics importants.

Les oeuvres sculptées découvertes à Issoudun proviennent du quartier du Château. Elles étaient destinées aux cultes religieux. Ainsi, cette tête d'homme barbu, fragment d'un Dieu colossal qui devait orner un sanctuaire public, tout comme ce torse provenant lui de Chapitre, au sud de la ville. La religion s'exprime aussi par le culte domestique, introduit par les Romains. Cette pratique se manifeste par le dépôt dans les maisons ou dans les sépultures de statuettes protectrices. Ces petites sculptures étaient fabriquées en bois, matériau périssable, en bronze ou en terre cuite grâce à la technique du moulage qui permettait de les produire à bon marché et en grande quantité. Le culte domestique familial se pratiquait au quotidien, dans les demeures, devant un petit édicule, temple miniature, représentant la déesse-mère, Vénus, Mercure, Epona... La forme et la fonction de ces niches où figurait la divinité étaient issues des laraires, petits autels dédiés aux dieux lares, protecteurs de la maison et de ses occupants. Parmi les nombreux dieux gallo-romains, certains sont originaires de la tradition archaique des Celtes, d'autres sont empruntés aux Romains ou encore aux cultes orientaux, comme celui de Mithra. Importé de Perse à Rome puis en Gaule, ce Dieu était le souverain des armées, le symbole de l'énergie vitale, de la lutte du bien contre le mal. Le fragment provenant de Saint-Aubin figure la Naissance du Dieu sortant de la roche mère. Selon César (cf. Commentari de bello gallico), c'est Mercure l'inventeur de tous les arts, le guide des routes et des voyages, le gardien du commerce et de l'argent, qui était le Dieu le plus honoré.

Les bornes milliaires sont des colonnes cylindriques en pierre, de deux à quatres mètres de hauteur, généralement munies d'une base cubique pour permettre une implantation dans le sol. Placées aux bords des voies importantes, elles indiquent sur leur partie supérieure le nom de l'empereur qui a fait construire ou réparer la route, puis la distance entre leur point d'emplacement et la capitale de la province. Leur nom provient de l'unité habituelle de distance, le mille romain (soit mille pas, environ 1480 m) parfois remplacée par la lieue gauloise (soit 2300 m). Après l'époque gallo-romaine, les bornes ont été le plus souvent transportées, retaillées pour servir d'abreuvoir ou de tombeau. La borne milliaire découverte à Meunet-Planches, à 16 km au sud d'Issoudun, a été sectionnée en deux parties sur toute sa longueur puis évidée, pour être transformée en sarcophage.

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Source: Musée de l'Hospice saint-Roch, Issoudun, Fiche de salle n°3. Texte: Service des collections et documentation du musée, Patrice Moreau.
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