L'ivoirerie

Publié le par kervazo

L'ivoirerie regroupe le travail de plusieurs substances animales, les défenses d'éléphants, les plus employées, mais aussi la défense de narval (la légendaire "corne de licorne"), des os de cétacés et de grands mammifères terrestres. Cette matière compacte et malléable se prête bien à la sculpture et se travaille comme le bois. Elle est utilisée comme matériau précieux, depuis l'âge paléolithique.

A l'époque mérovingienne du VIe au VIIIe siècle, la production d'ivoire diminue en raison des difficultés d'approvisionnement mais aussi du goût du moment qui privilégie l'orfévrerie, le décor en métal et pierres précieuses. Cependant, pour les objets usuels, comme les peignes et les épingles, les manches de couteaux et les agrafes de vêtements, on emploie encore l'os des grands mammifères terrestres et des cétacés.

La plaque boucle de ceinture en os, conservée au Musée, a été découverte en 1877, sous le transept de l'église Saint-Cyr d'Issoudun, à l'occasion de travaux de reconstruction. Elle est composée de deux parties rattachées l'une à  l'autre par une charnière. La plaque est entièrement évidée. Une ouverture pratiquée dans sa partie supérieure, sur toute sa largeur, fermée par un coulissoir (aujourd'hui disparu) permettait d'y introduire de minuscules reliques. C'est en effet à partir des Ve et VIe siècles que se développe en Gaule, en Italie, le culte des reliques, suite à l'ouverture des tombeaux des saints, des martyrs, à la fragmentation et au morcellement de leurs corps ou de leurs vêtements, dont la dispersion multipliait les lieux de dévotion. Le décor ciselé est composé d'éléments géométriques, cercles, demi-cercles, bordures à losanges, annelets. Sur le panneau central, est représenté un animal assis certainement un griffon, formé d'un corps de lion et d'une tête d'oiseau. Le compartiment juxtaposé, contient une croix stylisée, accompagnée de l'alpha et de l'oméga, première et dernière lettres de l'alphabet grec, symboles chrétiens, attributs du Christ, selon les paroles de l'Apocalypse: "Je suis l'alpha et l'oméga, le premier et le dernier, le principe et la fin".

Autre objet liturgique en os, ce fragment de crosse, insigne distinctif des abbés, fut dégagé en 1855 du sol de la crypte de l'abbaye Notre-Dame. Cet objet du XIIe siècle représente un personnage masculin assis sur les pattes d'un reptile, qui l'encercle.

Depuis l'époque carolingienne, "âge d'or de l'ivoirerie", ce sont essentiellement des objets religieux qui ont été conservés, reliures, plaques de chaires, diptyques, coffrets, autels portatifs. L'époque gothiques est aussi une période où l'ivoirerie est l'une des branches les plus développées des arts précieux, marquée au XIVe siècle par la prédominance de la production parisienne. On connaît alors quelques objets civils comme les boîtes ou valves de miroirs, "représentatifs de lart courtois médieval". Selon Danielle Gaborit-Chopin, les valves faisaient partie de tout nécessaire de toilette un peu raffiné et étaient portées suspendues à la ceinture ou dans une bourse. Elles étaient formées d'une paire de plaquettes de forme arrondie, souvent cantonnées de quatre figures grotesques ou de dragons, abritant un miroir de métal poli. La surface extérieure de ces plaquettes était sculptée de sujets courtois ou romanesques. La valve d'Issoudun est comparable par son organisation et son iconographie aux objets produits dans les ateliers parisiens(plusieurs exemplaires au Musée du Louvre). Sur l'une des plaques, quatre dragons cantonnent une scène d'amour. Dans un jardin, symbolisé par deux arbres, une femme pose sur la tête de son amant agenouillé devant elle, une couronne de fleurs tressées, tout en lui caressant la main. Sur l'autre valve fragmentée, figure un personnage maintenu par le menton, détournant la tête. Un autre objet en ivoire d'usage profane fut mis à jour lors des mêmes fouilles, sur l'emplacement de l'abbaye Notre-Dame, à la limite du rempart nord du château, lors des travaux de nivellement de la place Saint-Louis, en 1876. Il s'agit probablement d'une pièce de honchet ou jonchet. Ce jeu consiste à retirer à l'aide d'un crochet, un à un, des bâtonnets en ivoire, jetés pêle-mêle, sans faire bouger les autres.

 

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Source: Musée de l'Hospice saint-Roch, Issoudun, Fiche de salle n°4. Texte: Service des collections et documentation du musée, Patrice Moreau.
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